François Hollande a vraiment un problème avec les riches.

Avec presque tous les riches. Il a bien sûr "ses riches", comme les bourgeois ont "leurs pauvres", ou les racistes "leurs immigrés",… qui sont des gens bien, vous savez ! Très méritants ! : Pigasse, Bergé, Fabius, Pulvar, Arditi, Noah…

Non, voyez-vous, le problème avec les riches, ce ne sont pas ces gens de goût qui soutiennent la gauche et placent leurs économies dans des œuvres d’art. Le problème… ce sont les autres, cette grande majorité des riches, ces cadres qui travaillent dans l’industrie, la banque (à part Pigasse bien sûr), qui gagnent plus que 4000 Euros par mois. Encore que ces gens de l’industrie et des entreprises, il faudrait aussi distinguer ceux qui sont dans les petites entreprises et ceux qui sont dans les grandes sociétés. Ce sont vraiment ces derniers qui posent problème !

Intervenant sur le sujet des complémentaires santé, il découvrait et s’étonnait que « Quatre millions de personnes » ne sont pas couvertes par une complémentaire santé (mutuelle, assurance ou contrat de prévoyance). Pour y remédier, il annonçait une vaste refonte des aides et des taxes qui concernent le secteur. Les aides atteignent « 4 milliards d'euros », relevait-il et représentent « un gâchis financier ». Car « ceux qui en profitent sont plutôt des cadres de grandes entreprises que des salariés à temps partiel. Quant aux chômeurs et aux retraités, ils ont les plus grandes difficultés à s'offrir une complémentaire ».

Encore une fois c’est la faute des riches qui détournent l’argent public pour se payer des complémentaires santé !

Puisqu’on est sur le terrain de la santé, on pourrait suggérer à François Hollande que tout se soigne, même un grave problème psychologique avec les riches.

Les complémentaires santé, objets des foudres de François Hollande, sont les contrats collectifs obligatoires dans les entreprises. Mis en place selon une procédure précise, après concertation des instances représentatives des salariés, ils ont un caractère obligatoire. Tous les salariés doivent adhérer. Les résultats techniques (couverture des dépenses par les cotisations) sont ensuite mesurés entreprise par entreprise et discutés avec le Comité d’Entreprise. Les cotisations sont partagées entre employeur et salarié. La part employeur, sous réserve que la procédure de mise en place ait été respectée, est exonérée de cotisation sociale et fiscale. La part salariale est déduite du revenu imposable.

Ce sont là des avantages appréciables mais qui ne profitent pas spécialement aux cadres des grandes entreprises comme dit François Hollande. Ces systèmes sont par construction collectifs. Ils ne peuvent être mis en place qu’au profit de tous les salariés de la société, cadres supérieurs, cadres, non cadres. Tout le monde en bénéfice du smicard au dirigeant (s’il est salarié de la société). Et pour certains de ces contrats, notamment les plus anciens, la cotisation pour le risque santé est indexée sur le salaire, créant ainsi une forme supplémentaire de redistribution. Et ils n’existent pas que dans les grandes entreprises, mais aussi dans de nombreuses PME, dans les établissements publics et dans la fonction publique.

Les avantages sociaux et fiscaux attribués à ces régimes sont l’indispensable contrepartie du caractère obligatoire de ces régimes.

Alors il faudrait que François Hollande nous explique un peu mieux les raisons de son indignation. Avant de se faire enguirlander, on aimerait bien comprendre. Qui a fauté ? L’entreprise ? Où le bénéficiaire ?

Ces systèmes de complémentaires santés sont de véritables avancées sociales. Ils profitent à des millions de salariés, de toutes catégories et de tous niveaux de revenus. Il faut chercher à les étendre, particulièrement vers les petites entreprises qui ne les ont pas mis en place, plutôt que les faire disparaître. Supprimer les avantages sociaux et fiscaux provoquera la fin des systèmes. Pourquoi les salariés seraient ils obligés d’adhérer à un système d’entreprise qui n’amène pas d’avantage ? Ils, particulièrement les plus hauts revenus, revendiqueront, la liberté d’aller vers le système de leur choix, notamment les systèmes à cotisation fixe ; les revenus les plus bas perdront le bénéfice de la redistribution apportée par les cotisations indexées sur les salaires. Et les entreprises se retireront aussi du jeu ; leur intérêt et leur légitimité à mettre en place un régime obligatoire disparaîtraient avec la suppression des avantages.

Ce sont donc des systèmes appréciables qui organisent une forme particulière de solidarité. Ils véhiculent des valeurs de gauche. Il est plus qu’étrange que François Hollande n’y ait vu que des dispositifs en faveur des riches cadres des entreprises, alors qu’ils profitent aux ouvriers, employés, fonctionnaires, agents de la fonction publique, et aux revenus modestes, plus qu’aux revenus supérieurs qui subissent l’effet de redistribution imposé par ces régimes.

François Hollande,… tout se soigne !