Bernard Cazeneuve n'est pas n'importe qui. Député-maire, porte-parole de François Hollande, ancien élève de Sciences-Po, avocat, on s'attendrait à ce qu'il écrive joliment et sache aligner une ou deux idées. A cet égard, son dernier billet est bien décevant. Passons sur les fautes d'orthographe et sur la syntaxe approximative ! Elles seraient presque un motif d'indulgence. Il était peut être pressé, ou stressé. Mais tout le reste est à l'image. Il en fallait un ! ce sera donc lui ; la palme de la daube en communication! Mettez tous les mots et notions fumeuses qui trainent dans un faitout, rajoutez beaucoup d'eau, passez au four à micro-ondes ; servez ! Le clou de ce billet insipide est, sans conteste, la charge contre le quotient familial. Il faut citer (syntaxe et fautes d'orthographe d'origine) : "Réformer notre système fiscale, c'est s'élever contre l'exploitation de la politique familiale, comme source d'évasion fiscale. Son but c'est de favoriser la natalité. C'est pourquoi François Hollande prévoit de réformer le quotient familial. Les classes moyennes, pour qui l'évasion fiscale n'est pas une stratégie, ne seront pas concernées. Mais les classes populaires pourront, elles, pleinement en bénéficier, puisque la baisse du plafond du quotient familial permettra de financer une hausse de 25% de l'allocation de rentrée scolaire. Il ne s'agit pas là seulement d'un enjeu de justice, mais bien d'une décision garantissant l'efficacité du dispositif, les catégories populaires étant particulièrement sensibles à cet appui de l'Etat. Quant aux ménages les plus favorisés, ils pourront toujours profiter d'une réduction d'impôt sur le revenu, allant jusqu'à 8000 euros pour leur troisième enfant."

Fichtre ! Stratégie d'évasion fiscale à propos du quotient familial ! Il faut le lire ! Sous la plume d'un élu de la République, porte-parole du candidat favori à l'élection présidentielle ! Il faut le lire et le relire et essayer de discerner ce que ces phrases peuvent bien vouloir dire. La première plante le décor ; "il faut s'élever contre", induit que certains exploiteraient déjà la politique familiale comme moyen d'évasion fiscale. On ne dit pas qui mais, suivez notre regard! Il y en a des qui font des gosses pour faire de l'évasion fiscale, et même de la stratégie d'évasion fiscale. Mais qui ? La réponse vient de suite après : pas les classes moyennes, pour qui, c'est bien connu, l'évasion fiscale n'est pas une stratégie. Il y aurait donc deux manières de faire des gosses ; celle qui s'inscrit dans une stratégie d'évasion fiscale ; on imagine bien comment : cela se passe dans le noir, le dimanche matin, avant la messe ; et l'autre, la bonne, la républicaine, entre deux partenaires laïcs des classes moyennes. Et comment on les distingue ces deux modes de procréation aurait demandé le regretté Coluche ? facile ! Soit les parents saturent le plafond du quotient familial et ce sont des évadés fiscaux, soit ils ne saturent pas et ce sont des classes moyennes. A pousser un peu plus loin l'analyse de texte, on s'interroge sur cette idée de stratégie. A quel moment intervient la stratégie? Est-ce de procréer ou d'augmenter son revenu qui constitue l'évasion fiscale? Sachant que l'évasion fiscale est un délit ! Qu'un élu, porte-parole d'un presque futur Président de la République, un juriste, qualifie d'acte délictuel le fait d'avoir des enfants et/ou d'avoir un revenu supérieur à un certain seuil fait gravement peur. Un jour, il va leur demander de porter un signe distinctif, un petit badge bleu à la boutonnière, à ces adeptes de l'évasion fiscale. Qu'on n'aille pas les confondre avec des bons reproducteurs républicains !

++ Ci-dessous le texte intégral commis par M. Cazeneuve++

La crise de nos finances publiques est là. Elle constitue, avec l'expansion record du chômage, le mauvais héritage du quinquennat de Nicolas Sarkozy: 612 milliards d'euros de dette, des déficits qui se sont accumulés, des prévisions insincères qui ont entraîné la multiplication des lois de finances rectificatives, des bricolages en tout genre pour parachever les budgets sans aucune cohérence d'ensemble, à l'image de l'absurde taxe soda. Le tout avec un seul objectif : maintenir les largesses consentis en faveur des contribuables les plus favorisés. Telle aura été l'ardoise laissée au pays par le Président-sortant. Le régime fiscal d'une République se forge sur deux principes essentiels : la clarté du dispositif sans laquelle il n'y a pas de consentement à l'impôt, le respect des facultés contributives de chacun sans lequel il n'y a pas de justice fiscale. Ce que Nicolas Sarkozy a initié est aux antipodes de ces principes essentiels, garantis par notre constitution. A grands coups de provocations, il a institué un régime entièrement tendu vers le maintien de quelques privilèges. C'est ainsi que 45 taxes ont été introduites ou augmentées pour maintenir le bouclier fiscal et les réductions d'impôts sur le capital. En convoquant à chaque instant l'injustice, le pouvoir sortant a accru les inégalités et miné l'idéal républicain de l'égalité, comme ferment de l'unité et de l'indivisibilité de la République. Et si le mal s'est si profondément enkysté, c'est justement parce que la fiscalité irrigue l'ensemble de la société. Réformez ce système et vous phagocyterez le mal. Maintenez-le et vous le laisserez se développer en métastase, prendre de la puissance et achever notre République. C'est la raison pour laquelle, depuis bien longtemps, François Hollande s'est attaché à faire de la réforme fiscale, la pierre angulaire de son ambition de justice, celle qui conditionne la réussite de toutes les autres. Le modèle de Nicolas Sarkozy c'est l'imposition indirecte, avec la pénalisation sans préavis des plus modestes des français. L'augmentation du taux réduit de TVA de 5,5 à 7% et du taux global de 19,6 à 21,2% relève de cette pente funeste. Ce que propose François Hollande c'est de rétablir de la justice, de l'équité, bref de l'esprit républicain dans l'impôt. C'est la condition essentielle pour garantir le consentement, la compréhension et par la suite, l'efficacité de notre système fiscal. C'est ce qui différencie la gauche de la droite, la transparence d'un système simple d'un côté, l'opacité animée par des mesures techniques de l'autre, comme le gel du barème de l'impôt sur le revenu passé en catimini dans un plan de rigueur, pour faire payer 100 000 à 200 000 foyers populaires qui ne s'y attendaient pas en 2012 et 2013. La simplicité et l'équité exigent de rétablir de la cohérence et de l'égalité dans l'imposition sur le revenu. En 2012, l'impôt sur le revenu, mité qu'il est par les nombreuses niches fiscales, rapportera seulement 59 milliards d'euros, alors que la CSG, pensé initialement comme une contribution d'appoint, s'élève à 89 milliards. Il s'agit là d'un non sens absolu. François Hollande s'est donc engagé sur la voie de la fusion, qui passera d'abord par un rapprochement nécessaire pour mettre en œuvre techniquement cette vaste réforme. L'enjeu c'est également de réintroduire de la progressivité dans cet impôt. C'est la raison pour laquelle François Hollande plafonnera à 10 000 euros le niveau des niches fiscales sur une année, ou qu'il introduira une tranche à 45% pour les revenus supérieurs à 150 000 euros. L'efficacité d'un système fiscal c'est aussi de favoriser l'investissement, la production, la confiance en l'avenir. La hausse du taux d'épargne des ménages français, un sommet jamais atteint depuis 1982 de 16,8% du revenu de l'année 2011, témoigne de cette défiance dans l'avenir. Nicolas Sarkozy a créé les conditions du développement d'une société de la rente. Et l'on sait combien un tel développement est antinomique de l'émergence d'une économie dynamique, qui laisse une chance de réussite à sa jeunesse et qui ne creuse pas davantage les inégalités. L'enjeu ce n'est pas de lutter contre l'enrichissement par esprit dogmatique, c'est de mettre un terme à la reproduction injustifiée des richesses, à l'insolence de la rente, à l'arrogance de l'héritage. Il faudra engager une vaste réforme des prélèvements effectués sur les revenus du capital, pour réintroduire leur fiscalisation tant en stock qu'en flux. Il s'agira de mettre un terme à cette anomalie absurde, qui veut que les revenus du patrimoine puissent être fiscalisés à 21% grâce au prélèvement libératoire, alors que les revenus du travail sont aujourd'hui fiscalisés jusqu'à 40%. C'est rétablir une imposition sur l'ensemble du patrimoine en revenant sur le démantèlement incompréhensible de l'ISF voté par l'UMP. C'est la raison pour laquelle il faudra également, pour revenir à la situation antérieure, exhumer le plafonnement à 85% des revenus et réinscrire la taxation des droits de successions au delà de 100 000 euros par enfant. Le dernier enjeu consiste enfin à utiliser l'instrument fiscal pour mettre un terme aux absurdités de notre économie. Comment peut-on accepter que des patrons qui s'opposent opiniâtrement aux hausses de salaires de leurs salariés puissent s'octroyer parallèlement une augmentation de 34% de leurs rémunérations, comme cela s'est produit pour les dirigeants du CAC 40 ? C'est la raison pour laquelle François Hollande a proposé d'imposer à 75% toute rémunération supérieure à un million d'euros par an. Réformer notre système fiscale, c'est s'élever contre l'exploitation de la politique familiale, comme source d'évasion fiscale. Son but c'est de favoriser la natalité. C'est pourquoi François Hollande prévoit de réformer le quotient familial. Les classes moyennes, pour qui l'évasion fiscale n'est pas une stratégie, ne seront pas concernées. Mais les classes populaires pourront, elles, pleinement en bénéficier, puisque la baisse du plafond du quotient familial permettra de financer une hausse de 25% de l'allocation de rentrée scolaire. Il ne s'agit pas là seulement d'un enjeu de justice, mais bien d'une décision garantissant l'efficacité du dispositif, les catégories populaires étant particulièrement sensibles à cet appui de l'Etat. Quant aux ménages les plus favorisés, ils pourront toujours profiter d'une réduction d'impôt sur le revenu, allant jusqu'à 8000 euros pour leur troisième enfant. Rétablir de la justice, de la cohérence, de la clarté dans notre système fiscal, c'est une préoccupation que François Hollande défend depuis de nombreuses années. La politique de Nicolas Sarkozy a été celle de l'injustice fiscale. Inaugurée par la loi TEPA introduisant le bouclier fiscal, elle s'est conclue par la hausse de la TVA, comme pour achever dans une forme de cohérence, la seule du quinquennat, un mandat d'injustice. En fiscalité comme en toute autre matière, l'enjeu c'est le changement ou la continuité, la justice ou la fuite en avant dans l'aggravation des inégalités.